Verdi avait 80 ans lorsque l'on joua la première de Falstaff (1893). Il avait mis un point final à sa carrière de compositeur 6 ans auparavant sur ce qui devait être son ultime chef-d’œuvre, Othello. Deux ans plus tard, en 1889, le librettiste Boito, avec lequel Verdi avait eu des relations houleuses, décide de relancer le vieil homme sur un nouveau livret. Ecrite par Shakespeare en deux semaines, cette pièce est bâtie sur une trame mince : c'est l'histoire d'une farce (au sens propre du terme) faite par trois femmes de caractère à un coureur de jupons imbu de sa personne. Falstaff n'est pas un personnage tout à fait sympathique. Il y a d’excellentes versions en DVD, notamment celle de George Solti (DG) et récemment celle de Nello Santi (Arthaus). Il sera difficile de mieux faire. Et là ce n'est pas le cas. Cette version enregistrée en novembre 2009 au palais de l’opéra de Liège où Ruggero Raimondi n'est pas au mieux de sa forme et en fait des tonnes comme on dit dans l'interprétation. Impossible de dépasser Gabriel Bacquier dans la version de Solti. De même dans la mise en scène. Là, nous avons des décors pompeux, où tout est stylisé en blanc. Cela devient vite lassant. Dans la version de Solti où tout coulait de source, où nous prenions un grand plaisir à être instruit et diverti, cette version pour intellectuels diplômés sent la caricature pour faire joli et aseptisé. Tout devient lourd et pesant et chaque tableau doit imposer son coût pour faire preuve de sa qualité. Tout l'inverse d'un bon spectacle.

Yannick Rolandeau

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