Enregistré en 1984 à Moscou, cet opéra de Tchaïkovski ne bénéficie pas d’une large audience. L’éditeur lui donne donc ici une occasion en or. Tout d’abord, L'Enchanteresse est un opéra en quatre actes sur un livret russe d'Ippolit Chpajinski, composé entre septembre 1885 et mai 1887 et créé le 1er novembre 1887 au Théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg. Il arrive donc en pleine maturité pour le compositeur. L'action a lieu au 15ème siècle à la taverne près Nizhny Novgorod. Nastasia, la charmante propriétaire de l'auberge, s'est fait un ennemi en rejetant Mamyrov, l'homme du Gouverneur local, Nikita Danilovich Kurliatev. Il parle de Nastasia comme d’une enchanteresse. Chaque homme succombe pour elle. Yuri, le fils de Nikita, commence à fréquenter l'auberge et tombe sans succès amoureux de Nastasia… Certes, l’image n’est pas de première qualité, les chanteurs et chanteuses ne sont pas tous exceptionnels, l’orchestre paraît un peu mou (mais le son fait un peu défaut) mais cette captation a quelque chose de touchant en vérité. Le côté toile cirée des décors (et pour dire l’aspect artisanal de cette production), la conviction des interprètes, le petit théâtre de l’opéra se déroulant coûte que coûte devant nous incite non à une indulgence mais à une émotion retrouvée face aux grosses productions d’aujourd’hui, rutilantes et souvent assommantes. Une belle occasion ici de retrouver la petite magie de l’opéra et découvrir une oeuvre rarement jouée pour les admirations de Tchaïkovski.

Yannick Rolandeau

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