“Les Boréades” est le dernier opéra de Jean-Philippe Rameau. Commandé par l’Académie Royale de Musique française, il fut achevé en 1763, tout juste une année avant la mort du compositeur. Le livret décrit le triomphe de l’amour au travers du personnage central féminin qui refuse de se laisser manipuler par les conventions royales. Le thème fut quelque peu subversif pour l’époque, ce qui valut à l’œuvre pas mal de déboires. Pour la première mise en scène à l’opéra du Palais Garnier en 2003 signée Robert Carsen, dans des décors de Michael Levine et sous la direction musicale de William Christie, « Les Boréades » est un hymne érotique brûlant. Les chorégraphies de Edouard Lock qui jalonnent l’œuvre nous invitent, au cœur d’une gestuelle et de mouvements d’une virtuosité fascinante, à partager la sensualité omniprésente qui se dégage de ces corps ressemblant parfois à des pantins désarticulés. A ce propos, saluons les danseurs de la compagnie La La La Human Steps. Les héros du drame, quant à eux, s’adonnent également à des ébauches de streap-tease donnant à la partition une dimension charnelle inattendue. Dans le rôle de la reine Alphise, Barbara Bonney laisse libre cour à son charisme, qu’une voix soyeuse, charmeuse et envoûtante rend encore plus magique. Paul Agnew est un magnifique Abaris, fragile et décidé dans sa quête amoureuse, tandis que Laurent Naouri incarne un noir Borée plus vrai que nature. Mais la grande force de cette représentation, c’est bien la mise en scène de Carsen qui réussit, grâce notamment à la façon dont il occupe l’espace de la scène de l’opéra Garnier, à donner l’image d’un spectacle sans cesse en mouvements, avec des idées poétiques saisissantes. La Captation vidéo de Thomas Grimm respecte parfaitement ces options, sans les trahir, avec des gros plans répétés. Voilà une belle réussite qui saura faire découvrir le génie de Rameau que défendent avec brio William Christie et les Arts Florissants. A signaler la mise en coffret des autres opéras du compositeur français sous le label Opus Arte (Castor et Pollux, Les Indes Galantes, Les Paladins, Zoroastre et In Convertendo ref : OA 1052B D) dont vous pouvez retrouver les chroniques correspondantes dans notre magazine Opus HD.

Jean-Jacques Millo

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