Opus Haute Définition e-magazine

G. Verdi

Nabucco

Leo Nucci, Maria Guleghina. Choeur et Orchestre Der Wiener Staatsoper, Fabio Luisi (direction)

TDK DVWW-OPNAB, Intégral Distribution

DVD stéréo / DTS

Un autre Nabucco ce mois-ci sobre et simple sauf que... sauf que voilà la chose que je redoutais depuis fort longtemps, c'est-à-dire un Nabucco tiré vers la politique. Dans cette représentation du 9 juin 2001 au Wiener Staatsoper, il n'y a pour ainsi dire pas de décor (la scène est quasi nue) et tous les personnages dans la manière dont ils sont habillés dans une certaine époque, je veux dire, à l'époque de la seconde guerre mondiale. Etant donné que Nabucco fait référence au peuple juif... vous voyez ce que je veux dire ? Le livret du DVD le confirme d'une certaine manière : “Ne fait-il [Günter Kramer, le metteur en scène] pas porter à son Nabucco, par exemple, ce costume (Falk Bauer) qui lui donne l'allure “smart” d'un populiste des temps modernes ?” Des temps modernes ? A voir les figurants avec leurs habits de tous les jours, leur kipa sur la tête etc., à quoi va-t-on penser ? Ce genre de mauvaise idée devait arriver un jour ou l'autre avec Nabucco. Pensez donc ! Ah bien sûr, ce n'est pas aussi souligné à chaque fois mais tout de même le fameux air « va pensiero » où chaque choriste tient une photo d'une victime des camps de concentration est d'une lourdeur pachydermique au niveau du symbole ! Rater un tel cliché genre tarte à la crème dans la dénonciation politique facile, cela ne pouvait pas ne pas se faire. Il fallait sauter à pieds joints en plein milieu. Trois fois hélas alors qu'évidemment, rien n'est comparable. Belle démagogie qui sera auréolée de l'étiquette “moderne”, “dépoussiérage”, “engagé” etc. Bref, à part cela, l'orchestre et les chanteurs sont bien meilleurs que ceux de la Fondazione Arturo Toscanini dans le DVD chroniqué plus haut. Le chef d'orchestre Fabio Luisi mène ses musiciens avec talent et c'est Maria Guleghina en Abigaille qui remporte haut la main la palme du lyrisme. Leo Nucci en Nabucco a une voix un peu fatiguée mais reste remarquable. Marina Domashenko en Fenena a un joli timbre. Miroslav Dvorsky en Ismaele est plus terne mais dans l'ensemble, l'interprétation est excellente. Dommage qu'elle soit gâchée visuellement par une mise en scène pathos !

Yannick Rolandeau

Disponible surIntegralmusic.fr
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