Sur des musiques de Franz Schubert, Robert Schumann et Hugo Wolf, le cinéaste François Dupeyron met en scène une pièce de théâtre entre une déportée juive cantatrice (elle se laisse enfermer dans le camp de Rechlin par solidarité avec sa pianiste) et un officier melomane. Chaque jour, il leur demande d’interpréter un Lied du répertoire romantique allemand. Au début, les musiciennes s’exécutent puis alors que les bombardements alliés se rapprochent, une relation aussi intime qu’ambiguë se tisse entre la chanteuse et l’officier. D’après le roman Chemin Venel de l’auteur Martine Chevalier, Conversations à Rechlin évoque les relations troubles entre deux personnes radicalement opposées, liées pourtant par la passion de la musique. Ce n’est pas tant cette relation qu’il est difficile de croire que la platitude non seulement du texte mais de la mise en scène de François Dupeyron, en caméra portée, sans arrêt au plus près des personnages, comme dans une sorte de reportage. Façon radicale de tuer toute théâtralité. Cette façon de faire documentaire et fiction avec effet de « bougé » reste insupportable tant le procédé est éculé depuis des années et crée un faux naturalisme plus mensonger qu’autre chose. Les trois interprètes (Marie-Claude Chappuis, la mezzo-soprano, Inna Petcheniouk, la pianiste, et l’officier Nicolas Brieger) sont assez convaincants.

Yannick Rolandeau

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