On ne le dira jamais assez, Igor Stravinski est un immense musicien. Voici une version de son unique opéra intitulé The Rake's progress, que l'on traduit généralement par La Carrière du libertin, jouée au fameux Festival de Glyndebourne en 1975. Etrange et si troublant opéra entre tradition et modernité qui conte l'histoire d'un libertin Tom Rakewell. Celui-ci est aimé de Anne Truelove mais comme il n'a pas d'argent et est plutôt fainéant, le père d'Anne refuse de lui accorder sa main. Un beau jour, un homme Nick Shadow, véritable Méphitophélès et alter ego de Tom, apprend à ce dernier qu'il est riche et lui propose ses services. Et voilà Tom embarqué à Londres, dilapidant son argent dans les bordels. Bientôt, le voilà pauvre après avoir poursuivi chimères et illusions. Il mourra fou malgré l'amour d'Anne qui n'a cessé de le chercher. D'une certaine manière, nous ne sommes pas loin de La peau de chagrin de Balzac avec son héros Raphaël de Valentin dévoré par ses désirs et son appétit des sens. On parlerait maintenant d'esprit de consommation qui nous entraîne à ne plus distinguer la réalité du rêve, bref à nous épuiser dans une quête sans fin. Voilà donc un sujet bien actuel ! Notons que le livret est de Stravinsky, Wyston Auden et Chester Kallman. Felicity Lott incarne une remarquable Anne, Samuel Ramey un inquiétant Nick Shadow, Rosalind Elias une surprenante Baba la Turque. Seul Leo Goeke dans le rôle du libertin Tom Rakewell est un peu en retrait avec des défaillances vocales. Richard Van Allan, lui, joue le rôle de son père avec justesse. Ajoutons que Bernard Haitink à la tête du London Philharmonic Orchestra est excellent. Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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