Opus Haute Définition e-magazine

W. A. Mozart

Mithridate

Stuart Kale, Britt-Marie Aruhn, Richard Croft. Chorus and Orchestra of the Drottningholm, Nikolaus Harnoncourt (direction)

Deutsche Grammophon 00440 073 4127, Universal Distribution

DVD stéréo

Mozart a 14 ans quand il compose cet opéra seria d'après un livret de Vittorio Amedeo Cigna-Santi, qui lui-même s'inspira de la pièce de théâtre de Jean Racine. C'est une commande et la première eut lieu le 26 décembre 1770 au Teatro Regio Ducal de Milan, futur Teatro alla Scala. L'histoire est celle de Mithridate VI Eupator (vers 132-63 avant Jésus-Christ), roi du Pont, un royaume hellénique sur les rives de la mer noire, qui est en guerre contre les romains et a laissé seul sa jeune fiancée, la princesse grecque Aspasie au soin de ses deux fils, Xipharès et Pharnace. Evidemment, les deux fils ne vont pas se faire prier de tomber amoureux d'Aspasie, c'est-à-dire d'une femme interdite et avec de surcroît une rivalité entre père et frère. Alors imaginez quand Mithridate revient et découvre la chose... Oui, oui, ça fait des éclairs... Une nouvelle fois, Unitel n'a pas fait dans la médiocrité. Le tournage a eu lieu dans le sublime Teatro Olimpico de Vicence. La mise en scène cinématographique, la réalisation et les décors sont de Jean-Pierre Ponnelle. Tout est somptueux et on ne pouvait pas rêver mieux pour un tel opéra. Hélas, ça se gâte un peu avec les interprètes. Gösta Winbergh est un Mithridate somme toute peu convaincant, Ann Murray en Xipharès, Anne Gjevang en Pharnace sont peu à leur aise dans leur rôle masculin. Seule Yvonne Kenny en Aspasie emporte largement la palme de l'interprétation. Le principal problème en définitive est la direction de Nikolaus Harnoncourt franchement brutale avec sa manie déplaisante de “faire sec” au point que les coups de violons ressemblent à des coups de rasoir. Un DVD assez inégal, réjouissant d'un côté et décevant de l'autre. En supplément, une petite interview de Jean-Pierre Ponnelle.

Yannick Rolandeau

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