Opus Haute Définition e-magazine

Erich Wolfgang Korngold

Symphonie Op. 40. Much Ado About Nothing Op. 11

Orchestre Philharmonique de Strasbourg. Marc Albrecht (direction)

Pentatone PTC 5186 373, Codaex Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

Pour décrire Erich Wolfgang Korngold, mieux vaut s’en remettre au portrait qu’en faisait en 1955 Karl Schumann : « Korngold était à l’image des rares photos que l’on connaissait de lui : petit, rond pâle. Il avait un air anachronique avec son inévitable nœud papillon, sa politesse un peu désuète, son caractère profondément viennois. Le temps passé aux Etats-Unis ne semblait pas avoir eu de prise sur lui. Quand on parlait avec lui, c’était comme si on revenait trente ans en arrière. Il avait l’air terriblement fatigué d’un homme qui a vécu l’émigration. On lisait en lui la maladie de cœur, psychique et physique. En fin de compte, ce n’est pas seulement d’un travail acharné durant des décennies entières dont il est mort, mais d’un cœur brisé, qui n’avait jamais pu se remettre d’avoir été expulsé de Vienne et d’avoir dû laisser derrière lui le bon vieux temps, l’atmosphère de fin de siècle, l’Art nouveau, le Symbolisme, le culte de la musique, la dévotion pour l’opéra et les cafés viennois ». A la tête d’un Orchestre Philharmonique de Strasbourg des grands jours, Marc Albrecht s’impose ici, sans conteste, en offrant la référence moderne de la symphonie Op. 40. Chaque pupitre est parfaitement dosé, et sous sa baguette l’architecture de l’œuvre est marquée du sceau de l’évidence. La musique de scène « Beaucoup de bruit pour rien » d’après Shakespeare est du même acabit, pour un bonheur total, d’autant que la prise de son est exemplaire, proche de l’idéal. Bref, un SACD incontournable.

Jean-Jacques Millo

To describe Erich Wolfgang Korngold, it is best to leave it to the portrait Karl Schumann did of him in 1955: “Korngold was like the image on one of the rare photos we have of him: small, round, pale. He seemed of another era with his inevitable bow tie, his somewhat outdated politeness, and his deeply Viennese character. The time he spent in the United States does not seem to have had any impact on him. When one spoke with him, it was as if time were turned back thirty years. He had an air of a man who was terribly tired from having emigrated. One could read in him heartbreak, both psychic and physical. In the end, what killed him is not just the obstinate work of entire decades, but a broken heart, which never healed after he was expelled from Vienna and he had to leave behind him the good old days, the end-of-century atmosphere, Art Nouveau, Symbolism, the cult of music, devotion to the opera and Viennese cafés.” At the head of the Strasbourg Philharmonic Orchestra in top form, Marc Albrecht is without a doubt impressive here by offering the modern-day reference of the Symphony Op.40. Each musician’s contribution is perfectly dosed, and under his wand the architecture of the work becomes clear. The stage music “Much Ado About Nothing,” based on Shakespeare, is in the same mould, that is a total joy, and the sound recording is exemplary, close to perfect. In short, here is a must-have SACD.

Translation Lawrence Schulman

Disponible surCodaex
Visuel