Datant de 1990-92, le Requiem selon Hans Werner Henze est une suite de Concertos pour piano solo, trompette de concert et grand ensemble de chambre. Et disons-le sans détours, nous avons connu le compositeur allemand plus inspiré, surtout lorsqu’il déclarait en 1963, lors d’une conférence à Berlin : « Dans mon univers les formes anciennes tendent à retrouver une signification même là où le langage nouveau de la musique ne les laisse plus guère ou plus du tout émerger. S’il devait s’avérer que l’homme moderne ne possède plus assez de puissance émotionnelle, seule puissance capable de maîtriser ces formes, et même s’il était prouvé que la faculté de construire et la propriété tonale de la musique contemporaine ne produisent plus que des mirages de ces formes, je les utiliserai malgré tout – et précisément eu égard à cette misère – pour exprimer les choses qui constituent mon univers. Mercure et Jupiter, Virgile, les faunes et les arlequins, les tritons, Léonce, Probstein, Hamlet et Gloucester, voilà ceux qui dans mon univers élèvent la voix et veulent se faire entendre. Les formes anciennes m’apparaissent, dirai-je, comme un idéal de beauté classique qui ne nous est plus accessible, sans cesser d’être visible dans le lointain, animant les souvenirs, tels des rêves, mais le chemin qui conduit vers elles est dissimulé par la plus grande obscurité du siècle, le chemin qui conduit vers elles est ce qui est de plus difficile et de plus impossible à atteindre. A moi il m’apparait comme l’unique folie pour laquelle il vaille la peine de vivre ». A méditer…
Jean-Jacques Millo Disponible sur | |
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