Verdi avait 80 ans lorsque l'on joua la première de Falstaff (1893). Il avait mis un point final à sa carrière de compositeur 6 ans auparavant sur ce qui devait être son ultime chef-d'oeuvre, Otello. Mais, deux ans plus tard, en 1889, le librettiste Boito, avec lequel Verdi avait eu des relations houleuses, décide de relancer le vieil homme sur un nouveau livret. Ecrite par Shakespeare en deux semaines, cette pièce est bâtie sur une trame mince : c'est l'histoire d'une farce (au sens propre du terme) faite par trois femmes de caractère à un coureur de jupons imbu de sa personne. Falstaff n'est pas un personnage tout à fait sympathique. Cette version de 1963 reste surprenante. On peut se poser une question fort simple : pourquoi cette interprétation possède un naturel, une force dramatique et comique fort surprenantes, et en fin de compte, s’impose aisément comme référence même par rapport à tout ce qu’on peut voir de nos jours ? On ne se pose même aucune question quant au déroulement de l’action. Tout simplement parce qu’à cette époque, l’on jouait et l’on n’était pas préoccupé par la notoriété « moderniste ». Il est vrai que l’opéra n’était pas encore contaminé par l’esprit « contemporain » ou avant-gardiste comme depuis quelques années. Maintenant, on aurait un Falstaff avec des blousons en cuir, des tenus sexys et des décors austères, genre clinique ou pizzeria de quartier. Là, heureusement rien de tout cela. Cette version moderne peut même rivaliser avec celle de Georg Solti avec Bacquier chez Deustche Grammophon quasiment insurpassée à condition d’avoir un son moins net et une image moins définie. Bref, une version surprenante à plein d’autres égards.
Yannick Rolandeau Verdi was eighty when Falstaff was first performed (1893). He had put an end to his composing career six years earlier on what should have been his last masterpiece, Othello. But, two years later, in 1889, the librettist Boito, with whom Verdi had had tumultuous relations, decided to put the old man to work based on a new libretto. Written by Shakespeare in two weeks, this play is built on a thin storyline: it is the story of a farce (in the proper sense) put on by three strong-headed women for a womanizer taken by himself. Falstaff is not quite a personable character. This version from 1963 remains surprising. One may ask oneself quite a simple question: Why does this interpretation possess a natural, a comic and dramatic force that is very surprising, and in the end, easily convincing as a reference even compared to everything one can see nowadays? No one questioned the storyline. Why? Simply because at the time, interpreters acted, and no one bothered with “modernist” notoriety. It is true that the opera had not yet been contaminated by a “contemporary” or avant-garde spirit so present today. Nowadays, one would have a Falstaff in a leather jacket and sexy clothes, and austere sets, like a clinic or local pizzeria. In the present case, this is fortunately not the case. This modern version can even rival that of Georg Solti with Bacquier on Deutsche Grammophon, which remains pretty much unequaled, except for its duller sound and less defined image. In short, here is a surprising version on many levels.
Translation Lawrence Schulman Disponible sur | |
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