Richard Strauss signe avec Elektra un de ses meilleurs opéras, effectivement très différent au niveau orchestral du lyrisme du Chevalier à la rose. C’est le premier opéra (créé le 30 octobre 1903) écrit en collaboration avec Hugo von Hofmannsthal. Nous voici projeté dans la tragédie grecque de Sophocle qui voit l’affrontement entre Electre et Clytemnestre. Enregistrée en 2010, le 29 janvier et 1 et 4 février, reprenant une production originale du 27 octobre 1997, cette prestation alterne l’excellence dans le chant et la cérébralité pléthorique dans les décors et la mise en scène. Si j’ose dire. Pour une fois, ce n’est pas le chant qui pose problème et nous avons là d’excellents interprètes. Il en est de même pour la direction orchestrale tout à fait excellente. Une fois de plus, refrain qui se répète trop, ce sont les décors qui dérangent par leur radicalité stylistique, faite de figures carrées ou rectangulaires, on ne sait pas pourquoi au fond. Par exemple, cet immense rectangle noir qui pivote pour faire découvrir un autre décor entièrement rouge avec des personnages vêtus de rouge aussi… Certes, ça en jette plein les yeux mais c’est bien tout. Tout cela est réellement pénible et prend trop de place à l’écran au point que l’on en oublie le chant. Les décors intellectuellement trop recherchés sont à la fois voyants et abscons et vampirisent la scène à eux seuls. Le contraire d’une véritable mise en scène d’opéra… Nous voici pour la énième fois obligé de fermer les yeux et d’écouter un DVD qui est censé aussi nous ravir les yeux.

Yannick Rolandeau

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