L’ensemble Utrecht String Quartet tente de nous faire découvrir la musique d’un compositeur oublié Jan Pieterszoon Sweelinck dont nous savons peu de choses. Entreprise honorable. Né à Deventer dans une famille de musiciens, Sweelink est nommé organiste titulaire à la Oude Kerk (la "vieille église") d'Amsterdam. Il est considéré comme l’un des plus prestigieux représentants, à l'orgue comme au clavecin, de l'école hollandaise. Compositeur de pièces vocales, il écrivit 250 œuvres : chansons, madrigaux, motets, psaumes. Au niveau du style, la musique de Sweelinck synthétise la richesse, la complexité et le sens de l'espace des Gabrieli. En ce qui concerne le développement des idées musicales, et particulièrement dans l'utilisation du contre-sujet, des strettes, et des séquences de pédale, ses œuvres vont bien au-delà de ce que fait Frescobaldi, son principal contemporain : elles annoncent celles de Johann Sebastian Bach. Comme professeur, son influence a été importante dans le domaine de la composition (ses disciples furent Michael Praetorius, Heinrich Scheidemann, Paul Siefert, Melchior Schildt). Bref, effectivement sa musique est très belle bien que les exemples donnés ici soient peu nombreux hélas car nous avons surtout des entretiens avec les musiciens. On aurait aimé plus d’œuvres et moins de bavardages. Dans le lot, il y a une interview effarante de Chiel Meijering, 54 ans, chargé d’une adaptation pour quatuor à cordes de la fantaisie chromatique, et qui déclare qu’il ne peut interpréter ou jouer un compositeur que s’il a été « bon » dans la vie. Si on ne sait pas comment il a cette certitude, il a du mal, par exemple, a joué ou interprété Beethoven qui n’était pas « bon » dans sa vie (alors que Jan Pieterszoon Sweelinck était sympa sans doute). On a du mal à entendre pareilles balivernes dans un DVD sur la musique classique. D’ailleurs, Chiel Meijering, très narcissique et tout fier devant son écran d’ordinateur, aime bien être de son temps, déteste les vieilleries (juste 10 minutes le temps d’admirer une église) mais tente d’insuffler un peu de gaieté dans cette musique austère, enfin d’après ce qu’en disent les autres. Bref, un DVD plus à écouter pour le compositeur que par les banalités des musiciens…
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
|