La célèbre symphonie n°11 en sol mineur « l’année 1905 » opus 103 de Dimitri Chostakovitch fut créée à Moscou en octobre 1957. Composée pour commémorer le quarantième anniversaire de la révolution d’octobre, elle est, néanmoins, dédiée à la toute première révolution de 1905 qui fut un véritable fiasco. « Bien qu’étant intitulée « l’année 1905 », elle se rapporte à un phénomène actuel : il y est question du peuple qui a perdu la foi. Car il y a vraiment eu trop de crimes commis ». Ainsi s’exprimait le compositeur russe dans ses mémoires. Beaucoup plus proche du poème symphonique que de la symphonie, l’œuvre intègre quatre mouvements portant chacun un titre. Adagio (La place du palais). Allegro (le 9 janvier). Adagio (Mémoire éternelle). Allegro non troppo (Le tocsin). A la tête de l’orchestre national d’Ecosse, dont les couleurs sont un véritable miracle, Alexander Lazarev se révèle au cœur de sa lecture d’une pertinence bienvenue. Avec passion et fougue, il construit une interprétation de tout premier plan offrant aux différents mouvements de l’œuvre le souffle épique qu’ils requièrent. Ses phrasés ne sont jamais « fabriqués », mais en accord avec une vision d’ensemble révélant la noirceur d’une partition plus douloureuse que spectaculaire. Dans une prise de son exemplaire, ce Super Audio CD en pur DSD est une référence à la fois pour les mélomanes et les audiophiles.

Jean-Jacques Millo