Opus Haute Définition e-magazine

Dimitri Chostakovitch

Quatuors à Cordes Op.108 & Op.110. Quintette pour Piano Op.57

Evgeni Koroliov (piano). Pavel Hula (violon). Quatuor Prazak

Praga Digitals PRD 250270, Harmonia Mundi Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

Du Quatuor à Cordes N°7 en fa dièse mineur Op. 108 en trois mouvements, s’enchaînant dans un flot musical d’une dizaine de minutes, nous ne pouvons qu’apprécier sa simplicité teinté de beauté dont les couleurs sonores sont les traits parfaits d’une composition à la fois lyrique et profonde. Le Quatuor à Cordes N°8 Op.110, probablement le plus connu du compositeur russe, est une œuvre en cinq mouvements également enchaînés que Chostakovitch relata ainsi : « J’ai composé le Quatuor qui ne peut être d’aucune utilité pour personne et qui a manqué son coup pour ce qui est de son idée. Je me suis dit qu’après ma mort, personne sans doute ne composerait d’œuvre à ma mémoire. J’ai donc résolu d’en composer une moi-même. On pourrait écrire sur la couverture : « A la mémoire du compositeur de ce quatuor ». Son premier thème est formé des notes DSCH, c'est-à-dire de mes initiales. Je reprends dans ce quatuor des thèmes d’autres œuvres personnelles ainsi que le chant révolutionnaire « «Torturé à mort dans une cruelle captivité ». Le caractère pseudo-tragique de ce quatuor vient de ce qu’en composant, j’ai répandu autant de larmes que je répands d’urine après une demi-douzaine de bières ». Le Quintette pour piano et cordes en sol mineur Op.57 fut commandé par le Quatuor Beethoven, formation musicale très proche du compositeur qui fit nombre de créations de ce dernier. De bout en bout de cet enregistrement magistral, le miracle est total, notamment dans le Quintette où les interprètes offrent le plus enchanteur des discours musicaux depuis le légendaire Richter. A n’en pas douter, voici certainement l’un des plus beaux disques Chostakovitch de ces dix dernières années, dans une prise de son idéale en pur DSD stéréo ou multicanal.

Jean-Jacques Millo

In the String Quartet N°7 in F flat minor Op.108 in three movements, played without stop in a musical flow of about twelve minutes, one can only appreciate its simplicity touched with beauty, whose sonorous colors are the perfect traits of a composition that is both lyrical and deep. The String Quartet N°8 Op.110, which is probably the Russian composer’s best known, is a work in five continuous movements, it too, that Chostakovitch spoke of as such: “I composed the Quartet for nothing and for no one, and it misses its target insofar as ideas. I said to myself that after my death surely no one would compose a work in my memory, so I resolved to compose one myself. One could thus write on the cover: “In memory of the composer of this quartet.” Its first theme is made up of the notes DSCH, that is my initials. In this quartet, I quote themes from other personal works, as well as the revolutionary song “Tortured to death in a cruel captivity.” The pseudo-tragic character of this quartet comes from the fact that in composing it I shed as many tears as I did urine after a half a dozen beers.” The Quintet for Piano and Strings en G minor Op.57 was commissioned by the Beethoven Quartet, a musical group that was very close to the composer and which first performed many of his works. From beginning to end, this magisterial recording is a miracle, most notably in the Quintet where the interpreters offer us the most enchanting of musical discourses since the legendary Richter. Without any doubt, this is certainly one of best Chostakovitch discs of the past ten years, in an ideal sound recording in DSD stereo or multicanal.

Translation Lawrence Schulman

Visuel