Déjà sorti sous le label TDK, ce DVD présente un étrange Fidelio. Fidelio (qui fut aussi intitulé Léonore ou le triomphe de l'amour conjugal), le seul opéra de Ludwig Van Beethoven causa à son auteur plus que toute œuvre les pires douleurs de l'enfantement « et comporta par moins de trois versions et quatre ouvertures différentes. En voici une étrange interprétation enregistrée le 15 février 2004 l'Operhaus de Zurich. Dès l'ouverture, la direction à mains nues, certes précise et ferme, de Nikolaus Harnoncourt est d'une brutalité et d'une sécheresse fort désagréables. On a l'impression qu'il faut aller vite : plus la cadence est rapide, plus les tambours sont martelés et mieux c'est. Au demeurant, et même après réécoute, il subsiste une désagréable sensation d'artificialité. A cela s'ajoute d'autres éléments pour le moins déplacés : la mise en scène de Jürgen Flimm, les costumes de Marianne Glittenberg, les décors de Rolf Glittenburg mélangent minimalisme et modernisme avant-gardiste du plus mauvais effet. On a l'impression d'être dans une pièce de théâtre d'espion¬nage un peu glacée avec un côté combinaison de cuir et grand manteau design (regardez la forme de la bouteille d'eau que l'on donne à Florestan quand il demande à boire). Les personnages ont donc tous plus ou moins l'air propre sur eux et paraissent en définitive assez inexpressifs dans l'ensemble. Alfred Muff dans le rôle de Don Pizarro, le gouverneur de la prison d'état, est totalement à côté de la plaque. Dans son étrange combinaison, il a l'air très mal à l'aise et a bien du mal à chanter son air Sechs Mann, Tag und Nach auf die Brücke quand il avoue être jaloux du prisonnier Florestan. Jonas Kaufmann en Florestan est quasi inexistant et le géolier Làszlô Polgàr ressemble plus à un espion qu'autre chose. Pour trouver un peu de chaleur dans ce côté glacial, il faut effec¬tivement se tourner vers les rôles féminins, Camilla Nylund en Leonore ou Elizabeth Rae Magnuson en Marcelline parviennent à sauver cette version de Fidelio de l'ennui carcéral. Il faut dire que la scène finale avec le choeur sur fond carré jaune n'est franchement pas très heureux.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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