Petite faute dans cette intégrale Walter Felsenstein que cet opéra de Mozart, Don Giovanni, parmi les plus beaux de toute l’histoire. Enregistré en décembre 1966, cette représentation change déjà son dispositif. Nous ne sommes plus dans « la réalité » mais bel et bien sur une scène de théâtre. Ensuite, il faut dire que les interprètes sont tous extraordinaires, s’impliquant physiquement et émotionnellement dans ce drame de la vanité et de la sensualité. Nous sommes encore surpris par la cohérence de leur interprétation et il faut voir et entendre par exemple la très belle Klata Barlow dans le rôle de Donna Anna. Et il en est de même du rôle-titre, György Melis, ou de John Moulson, Anny Schlemm, Eva-Maria Baum, Herbet Rössler. Bref une grande réussite sur ce point-là ! Et aussi, la direction d’orchestre de Zdenek Kosler qui est absolument époustouflante de justesse, de présence et vigueur. Il n’y a pas de faute de goût. Alors ? Nous ne sommes pas choqués non plus par des décors qui ne tentent pas de faire dans l’actualisation modernisante et que tout est pensé et A à Z. Alors ? Eh bien, quelle surprise n’est-il pas d’entendre un Don Giovanni en langue allemande (alors que l’on sait qu’il est chanté en italien !) ? C’est là que le bat blesse car on se demande bien pourquoi on passe de l’Italie à l’Allemagne ? C’est assez dérangeant quand on a l’habitude de l’entendre dans sa langue originelle. Dans un noir et blanc un peu vieilli, la représentation se laisse voir à par cela avec une grande facilité tant le spectacle est superbe et grandiose, même chanté en allemand, vaut toutes les représentations actuelles d’un tel opéra !

Yannick Rolandeau

Disponible sur