Opus Haute Définition e-magazine

F. Cavalli

Ercole amante

Luca Pisaroni, Veronica Cangemi, Anna Bonitatibus, Jeremy Ovenden, Anna Maria Panzarella, Marlin Miller, Umberto Chiummo, Wilke te Brummelstroete, Johannette Zomer. Concerto Köln & Chorus of De Nederlandse Opera. Ivor Bolton (dir)

Opus Arte OABD7050D, Codaex Distribution

2 Blu Ray disc. Dolby TrueHD. DTS

Depuis 1645, le Cardinal veut importer à Paris la manière italienne. Pour célébrer le mariage du jeune Roi Louis de France avec l’Infante Marie-Thérèse d’Autriche, Mazarin (Premier Ministre) invite à Paris, l’un des plus grands compositeurs, Francesco Cavalli (élève de Monteverdi). Pour Ercole Amante, dès 1659, pour les représentations, il fait élever un théâtre au Château des Tuileries. LeVau, architecte, Coypel, peintre, travaillent sur le chantier. La machinerie, la plus élaborée de l’heure, est réalisée par Vigarini. Cavalli, maestro di capella du Doge, l’un des postes les plus prestigieux d’Italie, arrive à Paris à l’été 1660. L’ouvrage, en un prologue et cinq actes, s’appuie sur le livret de l’abbé Francesco Buti. Au cœur du drame, Iole aimée par Jupiter et son fils, Hyllus. Tout l’intérêt de l’ouvrage réside dans la psychologie musicale. Récitatifs amples avec effusion sentimentale, chœurs grandioses adaptés à la volonté d’héroïsation et de grandeur épique et légendaire, sont les piliers d’une œuvre foisonnante qui mêlent duos, trios, solistes et chœurs, scènes de lamentation, de jubilation d’autant que la part de l’orchestre n’est pas négligée : ritournelles, sinfonie etc. agrémentent l’opéra. Le metteur en scène David Alden, lui, saccage toute cette production par une réalisation scénique kistchissime. On se dit que l’on aurait pu avoir droit face à un opéra peu connu à une version respectueuse. Hélas, l’on a convoqué ici laideur, trivialité et décalage avant-gardiste comme on en a souvent l’habitude de nos jours. Par exemple affubler Hercule de cette ridicule carapace en plastique le fait plus ressembler à un athlète homosexuel et nous fait descendre dans un imaginaire à la fois maniéré et dans la « pornographie » soft. Tous les décors de cette production hollandaise jouent de cette ambivalence kitsch et fortement érotisée comme le mur rose qui orne une pièce… Evidemment comme l’opéra est assez long, le spectacle devient rapidement insupportable dans cette surenchère baroque. Il faut rendre grâce aux interprètes de tenir le coup dans des accoutrements plus ridicules les uns que les autres où le mauvais goût le dispute au grotesque.

Yannick Rolandeau

Disponible surCodaex
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