Opus Haute Définition e-magazine

G. Verdi

Verdi Collection

Marco Berti, Susan Neves, Zvetan Michailov, Adriana Damato… Orchestra and Chorus of teatro Carlo Felice di Genova... Riccardo Frizza, Antonello Allemandi, Renato Palumbo, Stefano Ranzani, Lukas Karytinos (dir)

Dynamic AVDVD 9868, Codaex Distribution

6 DVD stéréo

En six DVD, ce coffret présente plusieurs opéras de Verdi qui sont déjà sortis séparément chez le même éditeur : (La Force du destin (Opus HD N°34), I Vespri Siciliani (opus HD N°32), Ernani (opus HD N°30), Il Corsaro (Opus HD N°10) ainsi que Nabucco. Globalement, cette pêche reste assez insatisfaisante sur plusieurs niveaux. Par exemple, avec I Vespri Siciliani, il va être difficile de rivaliser avec la version de Riccardo Muti reparue chez Brilliant Classics (voir Opus Haute Définition N°28) avec dans les rôles Giorgio Zancanaro, Cheryl Studer, Chris Merritt. Et surtout à un prix défiant toute concurrence ! La version offerte ici est signée par Pier Luigi Pizzi en février 2003 au théâtre Verdi, à Busseto, et n’est pas déshonorante. Mais l’intrusion des chanteurs et des chanteuses hors de la scène proprement dit, ce qui n’est pas forcément du meilleur effet avec un opéra de Verdi. On a ici une interprétation qui reste correcte sans être exceptionnelle. Avec La Force du destin, les choses restent peu enthousiasmantes. La mise en scène d’un grand classicisme, manque sans doute d’emportement quelque part. Costumes et décors sont tout ce qu’il y a de plus « respectueux » ; la direction d’orchestre de Lukas Karytinos reste un tantinet passable, manquant de dynamisme. Les voix ne nous transportent pas mais elles restent largement honnêtes. Néanmoins, on est bien obligé de constater qu’il n’y a rien de désastreux ou de ridicule dans cette interprétation quand on voit ce qu’on peut réaliser de nos jours par ailleurs. Avec Ernani d’après la pièce de théâtre écrite par Victor Hugo en 1830, tout se gâte. On en fait des tonnes un peu partout. Les décors sont fort étranges entre le monumental et le jeu vidéo (enfin certains jeux vidéo) quand ce n’est pas Jules Verne. Tout à l’air métallique dans cette représentation donnée en mai 2005. Le plus déplaisant peut être est l’éclairage qui dessine des ombres sur les yeux, surtout ceux de Susan Neves. Côté voix, on reste un peu sur sa faim et tout est emphatique et sentencieux. Les interprètes comme Marco Berti dans le rôle-titre, Susan Neves dans le rôle de Elvira, Giacomo Prestia dans celui de Don Ruy Gomez de Silva, ou même Carlo Guelfi dans la peau de Don Carlo peinent à incarner des personnages en proie à des sentiments extrêmes ou à des passions foudroyantes. Et la direction d’orchestre, elle, nous précipite plutôt dans les bras de Morphée. Avec Il Corsaro composé en 1848, les décors sont pour une fois insolites, du moins au premier acte : le pont d'un navire. Tout l'opéra repose pour ainsi dire sur les épaules de Corrado, ici interprété avec un certain panache par Zvetan Michailov qui arrive à rendre crédible les états d'âme d'un corsaire. Adriana Damato en Gulnara ne manque pas non plus de voix et de panache et a parfois des faux airs de Cecilia Bartoli alors que Seid joué par Renato Bruson, chevrote carrément. Renato Palumbo défend plutôt bien la partition. En définitive, nous n’avons certainement pas un des meilleurs opéras de Verdi mais une oeuvre honorable et bien défendue. Un coffret fort inégal mais avec des qualités et des opéras inédits en DVD.

Yannick Rolandeau

Disponible surCodaex
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