L’oeuvre pour piano de Leos Janacek (1854-1928) n’est guère immense, mais son expressivité d’une rare finesse est exemplaire. « L’accord m’est un être doué de vie ; une fleur de sang de l’art musical. Je sais que mon cœur est serré lorsque j’écris ; je sais qu’il gémit, qu’il braille, tombe rudement, broie, se brise à force de brume, se durcit en granit. Qu’ai-je à faire des épithètes empruntées, beau, pas beau ! Son être coïncide avec le mien en un clignement de vie » écrivait le compositeur en 1907. Pour ce premier volume, Slavka Pechocova aborde la Sonate pour piano en mi bémol mineur « scène de rue » de 1905, le cycle de pièces « Sur un sentier broussailleux, effacé par le temps », « Souvenir » et les quatre pièces « Dans les brumes ». Avec une grâce infinie, un sens de la poésie que l’on perçoit en filigrane au cœur de chaque note, la jeune pianiste, élève notamment d’Ivan Moravec, émeut par un discours musical raffiné, tout en délicatesse, entre ferveur et pudeur. Dans une prise de son chaleureuse rendant au piano la beauté originelle de son timbre, ce SACD est un incontournable absolu.

Jean-Jacques Millo

Piano Works Vol : 1

The works for piano by Leos Janacek (1854-1928) are not numerous, but the expressivity in what is there is of rare refinement. “For me, the chord is a being full of life; a flower of blood in musical art. I know that my heart is tense when I write. I know that it grieves, it cries, then suddenly lets up, broods, breaks from the fog, hardens into granite. What should I do with borrowed epithets, beauty, not beauty! Its being coincides with my own in a blink of life,” wrote the composer in 1907. For this first volume, Slavka Pechocova interprets the Sonata for Piano in E flat minor, “street scenes,’ from 1905; the cycle “On a Brushy Path, Wiped Away by Time;” “Memory;” and the four pieces “In the Fog.” With infinite grace and a sense of poetry one perceives under the surface, the young pianist, who is a student of Ivan Moravec, moves us by a refined, tactful musical discourse that is somewhere between fervor and modesty. In a warm sound recording which restores the piano’s rightful original tonal beauty, this SACD is an absolute must.

Translation Lawrence Schulman