Comparée à la version de Harnoncourt de 2004 à l'Operhaus de Zürich, cette représentation du Festival de Glyndebourne en 1979 ne s'amuse pas à faire ressembler les personnages à des nazis et encore moins de faire dans l'expérimentation avant-gardiste, histoire de faire du nouveau. Voilà donc un Fidelio “normal” ! Ici , tout ressemble à ce qui est inscrit dans la dramaturgie, un prisonnier ressemble à un prisonnier et un géolier ressemble à un géolier. Etonnant non! Par les temps qui courent ? Certes, la mise en scène de Peter Hall manque parfois de finesse et est un peu trop statique mais les décors sont superbes et la direction de Bernard Haitink est juste, énergique et enlevée. Elisabeth Söderström dans le rôle de Leonore est parfaite, pleine de nuances. En miroir, le rôle de Florestan chanté par Anton de Ridder est tout aussi juste et remarquablement interprété. Curt Appelgren en Rocco, Elisabeth Gale en Marzelline tirent amplement leur épingle du jeu. Cela se gâte un peu avec Robert Allman dans le rôle de Pizarro, Michael Langdon dans celui du ministre ou encore Ian Caley dans celui de Jacquino, Voilà donc une version inégale mais qui possède de remarquables atouts et qui ne démérite pas par rapport à des versions actuelles, obsédées par des mises en scènes modernisantes.
Yannick Rolandeau |