Tan Dun dirige lui-même cette étrange oeuvre intitulée Water concerto. Il dit : "Mon enfance, vivre entouré d'eau, jouer avec l'eau, et jouer de la musique ritualiste avec de l'eau, est devenue une grande source d'inspiration. Maintenant, je passe beaucoup de temps à composer ce genre de souvenirs... à recomposer ce type d'expérience, avec la nouvelle méthode. A Hunan, l'eau était omniprésente dans notre vie quotidienne. Chaque jour, on lavait le linge dans la rivière. Les femmes allaient à la rivière pour la lessive, en faisant un son magnifique.., très rythmique. J'ai transposé ces sons de lessive, ces sons de baignades, de corps qui frappent l'eau, d'eau qui danse, qu'on effleure, de clapotis, en orchestrations." Et la musique dans tout cela ? Il n'y en a pas beaucoup à vrai dire. On passera sur le côté exotique de la chose qui n'avalise pas forcément la grandeur d'une oeuvre. On peut nous expliquer tout ce qu’on veut au niveau des intentions, il reste qu’au niveau musical, on reste sur notre faim ou sur notre soif comme on veut. Au mieux, on a une percussion vaguement originale. Là, nous regardons avec un certain attrait et une moue dubitative cet homme et cette femme qui "tapent" dans l'eau et qui font sans cesse des glouglous. En tapotant, en pianotant, en tapant dessus avec leurs mains ou avec des verres etc. Ca éclabousse aussi (surtout la caméra et la partition) et le percussionniste mouille sa chemise au moins. Le problème est que l’on aimerait être ébloui, enchanté et que ce n’est pas vraiment le cas. Ce naturalisme en musique reste assez surfait au lieu de recréer, à la limite, la sensation de l’eau avec des instruments. Même quand on aime beaucoup l’eau, il ne suffit pas de mettre de l’eau dans un orchestre pour nous éblouir. Ca éclabousse seulement… pendant quelques secondes et ce concerto aquatique ne tient pas ses promesses.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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