Pour cet ultime volet consacré aux œuvres pour chœur des compositeurs des pays nordiques, le florilège est impressionnant puisqu’il propose pas moins de trois premières au disque avec des œuvres de Kajia Saariaho, Erkki-Sven Tüür et Henryk Mikolaj Gorecki. Les autres compositeurs présents sont : Vaclovas Augustinas, Pelle Gudmundsen-Holmgreen, Rytis Mazulis, Erik Bergman, Algirdas Martinatis. Ces artistes contemporains que l’on connaît peu voire pas du tout, sont un exemple de ce qui se fait de mieux, aujourd’hui, dans la création des pays baignés par la mer baltique. Et comme le souligne Paul Hillier dans son préambule : « Les voix de la Baltique de mon titre renvoient autant aux compositeurs qui ont écrit la musique qu’aux chanteurs qui l’interprètent ». Et il ajoute : « J’ai fait contraster le minimalisme lituanien et les constructions en blanc de Holmgreen avec des modernistes finlandais, et il y a encore un vrai saut à faire entre la veine francophile de Saariaho et le surréalisme germanique des compositions de Bergman sur des poèmes de Morgenstern ». Le chœur de chambre de la philharmonie estonienne défend ces pièces avec un naturel, une précision, des couleurs et une passion envoûtantes. Leur ligne vocale est un bonheur de chaque instant et malgré l’abord parfois difficile de certaines œuvres, la fascination de découvrir un monde nouveau est bien là, présente dans ce voyage qui nous entraîne au cœur de ces paysages désolés et qui semblent hors du temps.

Jean-Jacques Millo