Ce film de Bruno Monsaingeon est une réussite. Le pianiste Grigori Sokolov est dans un grand jour. Il n’interprète pas moins de trois sonates de Beethoven, (Sonate N°9, 10 et 15), Six danses de Komitas Vardapet, et la sonate N°7 de Prokofiev. En rappel, il joue une Mazurka (opus 63 N°3) de Chopin, le Prélude en si mineur (d’après BWV 855a) de Bach et enfin Le Tic-Toc Choc ou Les Maillotins et Sœur Monique de François Couperin. Récital donc d’un grand éclectisme donné un 4 novembre 2002. On aurait voulu être là. C’est le moins que l’on puisse dire. La silhouette massive du pianiste se fait à la fois d’une grande sensibilité et d’une grande délicatesse, vigoureuse et emportée. Son toucher aussi bien dans les sonates de Beethoven que dans celle de Prokofiev est d’une densité remarquable. C’est vraiment ce qui surprend dans cette approche car on sent le pianiste concentré comme rarement. C’est dire que l’on reste un peu ébahi à chaque note qui se met à couler avec un grand « naturel » et une grande force, faisant ressortir la structure de l’oeuvre. Chose qui ne gâte rien, nous faisons connaissance avec le compositeur Komitas Vardapet, fort peu connu. Les rappels sont tout aussi réussis. Bruno Monsaingeon ne s’y est pas trompé en écrivant un texte passionnant d’introduction concernant cet excellent pianiste. Deux heures de bonheur.
Yannick Rolandeau This film by Bruno Monsaingeon is stunning. Pianist Grigori Sokolov here is at his peak. He interprets no less than three Beethoven sonatas (Sonata N°9, 10 and 15), Six dances by Komitas Vardapet, and Sonata N°7 by Prokofiev. For encores, he plays a Mazurka (opus 63 N°3) by Chopin, the Prelude in B minor (after BWV 855a) by Bach, and finally The Tic-Toc Choc or Les Maillotins et Sœur Monique by Francois Couperin. This highly eclectic recital was given on November 4, 2002. To put it mildly, if only one could have been there! The pianist’s massive silhouette is the embodiment of great sensitivity and delicacy all at once, one that is vigorous and enthusiastic. His playing both in the Beethoven sonatas and in that of Prokofiev is of remarkable density. This is what truly surprises us in this approach, for we feel the pianist’s concentration more than ever. That is, we are astounded as each note flows with great spontaneity and force, thereby allowing the works’ structure to emerge. What’s more, we hear the rarely heard composer Komitas Vardapet. The encores are just as wonderful. Bruno Monsaingeon is unequivocal in his passionate introductory text concerning this excellent pianist. These are two hours of joy.
Translation Lawrence Schulman |