La mise en scène est de Michael Schulz ; la direction orchestrale, de Carl St Clair. Enregistré en public en 2008, cet Or du Rhin ne vaut pas un clou, même en fer. L’on imagine fort bien ce que le metteur en scène doit se dire en faisant injure à chaque plan, histoire de malmener des opéras si connus par tel décor moderne, tel costume délirant, quel maquillage grossier. Il doit se dire : j’ai osé… faire n’importe quoi. Face à Richard Wagner, compositeur phare, il doit donc être tentant d’imposer sa marque de fabrique avant-gardiste pour dépoussiérer, avec orgueil de surcroît, un musicien antisémite. Ici, Michael Schulz n’y va pas de main morte que cela en est insupportable au bout de dix minutes. Quel intérêt que de faire une telle surenchère ? C’est du grand n’importe quoi où l’on n’hésite pas à faire dans le grotesque et l’énorme. On a le droit à tout, aux coiffures délirantes, aux maquillages outranciers, aux costumes décalés et aux lunettes de soleil. Etc. On connaît la musique depuis quelques années si l’on ose dire où chaque plan doit choquer, preuve sans doute d’une lecture subversive mais qui n’a de subversif que le nom. C’est évidemment idéologique, idéologie qui a ses fondements théoriques et politiques surtout, depuis les metteurs en scène, par égocentrisme forcené, peuvent faire ce qu’ils veulent sous peine de liberté d’expression. Le spectateur jugera mais il y a un moment où nous ne sommes plus dans la représentation d’un opéra de Wagner mais dans l’imposition de l’ego du metteur en scène (ou du critique). Beau « Testament trahi » reprenant ce texte de David Lodges dans Un tout petit monde : « Un critique de nos jours passe son temps à triturer l'expression la plus évidente pour en extraire mille significations... Son but, en fait, n'est pas de rendre justice à l'auteur, qu'il traite d'ailleurs avec beaucoup de désinvolture, mais de s'encenser lui-même et d'étaler sa science sur tous les sujets et sur toutes les ressources de la critique. » ! A cela, il faut ajouter que la direction de Carl St Clair est molle comme de la guimauve et que les chanteurs et chanteuses ne parviennent pas à nous faire oublier les délires scéniques et visuels de la mise en scène. Evidemment, chaque plan est là pour nous faire croire que le metteur en scène a « travaillé » son concept. A fuir.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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