Opus Haute Définition e-magazine

Joan Guinjoan

Gaudi

Robert Bor, Vicente Ombuena, Elisabeth Matos, Francisco Vas, Stefano Palatchi. Orquestra Simfonica I cor del Gran Teatre del Liceu. Josep Pons (direction)

Columna Musica 1cm0211, Codaex Distribution

DVD stéréo Dolby / DTS 5.1

Si Joan Guinjoan n’est pas encore un compositeur très connu, il a pourtant derrière lui une carrière non négligeable. Né le 28 Novembre 1931 à Riudoms (Tarragona-Espagne), après des études de piano au Conservatoire du Liceo de Barcelona et à l'École Normale de Musique à Paris, Juan Guinjoan donne son premier récital de piano à la Salle Cortot de Paris. Nombreuses tournées jusqu'en 1959. Il s'oriente vers la composition et étudie avec Cristòfor Taltabull (Barcelone), puis, plus tard, à la Schola Cantorum de Paris avec Pierre Wismer et à l'O.R.T.F avec Jean-Étienne Marie (électroacoustique). Une première au Gran Teatro del Liceo de Barcelona de son ballet Los Cinco Continentes a lieu en 1961. En 1978, il obtient le Prix de composition " Ciutat de Barcelona ". Il est membre du Comité d'honneur de l'association Jean Barraqué (Paris), obtient en 1982 le Prix National du Disque (Prix à la création musicale) et pour la troisième fois le prix de composition " Ciutat de Barcelona ".Son oeuvre Trama est finaliste du Prix Mondial du Disque I.R.C.A (New-York). Nommé directeur du " Centre de Documentació i Difusió de la Música Contemporània ", fondateur et directeur de la " Setmana Internacional de Música Contemporània " de Barcelone (1988), c'est en 1989 qu'il entreprend l'opéra Gaudí sur un livret de J.M. Carandell. Il s'agit d'une commande de la " Olimpíada Cultural " à l'occasion des Jeux Olympiques de Barcelone. L’œuvre dont il s’agit ici d’un premier enregistrement mondial, est ambitieuse et originale. Et difficile car elle s’attaque à l’un des épisodes de Gaudi, homme diplômé de l'École d'architecture de Barcelone en 1878. Sa carrière commence en 1883, avec le début de l'édification de la Casa Vicens. Jeune architecte, il est d'abord inspiré par Eugène Viollet-le-Duc mais il rompt avec le style néogothique et se fait remarquer par son originalité et sa fantaisie. Dès ses premiers projets, il fait cohabiter architecture et mobilier. Inscrit dans la mouvance de l'Art nouveau en vogue en Europe, il sera le porte-étendard du modernisme. Les principales caractéristiques de son courant sont l'inspiration dans les formes, la géométrie et les couleurs de la nature. Antoni Gaudí sera soutenu par le riche industriel Eusebi Güell, pour lequel il créera le Palais Güell, en 1889, ouvrage inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO tout comme la Casa Milà construite en 1907 ou le Parc Güell qu'il aménagea de 1900 à 1914. C’est dire que l’opéra de Joan Guinjoan est original sans doute mais on a du mal à l’inscrire dans une dramaturgie précise tant les différents tableaux sont assez « statiques ». Dans une première partie, on est dans un immense atelier. Un mécène nommé Alexandre, en qui l'on devine Eursebi Güell, une cliente nommée Rosa, un assistant, Mateu et l'artisan Josep, sollicitent l'architecte et définissent en quelques scènes le contexte et les enjeux de son travail. Le deuxième acte, fait entrer dans la crypte réelle du parc Güell kaléidoscope de miroirs, projections vidéo baroques, devenir-courbe, sous-marin. Le ballet psychédélique est discutable car il ouvre le deuxième acte et métaphorise le «trencadis», ce mélange de céramique concassée multicolore avec lequel ce Christ construit les habitations du peuple. Bref, cet opéra ne se laisse pas appréhender facilement et a la chance d’être dirigé par Joseph Pons d’autant que là aussi la musique est assez « transparente », s’écartant du postsériel et de la néotonalité. Une œuvre déroutante et certainement à revisiter. Hélas, le DVD ne possède pas de sous-titres et encore moins de notice en français, ce qui limite singulièrement sa diffusion.

Yannick Rolandeau

Disponible surCodaex
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