Cet enregistrement d’extraits de l’opéra de Mozart « l’Enlèvement au sérail » pour ensemble de vents relève d’une véritable investigation policière. En effet, tout démarre autour d’une lettre du compositeur à son père dans laquelle Mozart évoque la composition d’un arrangement pour Harmonie : « Ce n’est pas une mince tâche qui m’attend à présent puisque je dois achevé l’arrangement pour Harmonie de mon opéra avant dimanche en huit, sans quoi quelqu’un d’autre risquerait de me devancer et d’en encaisser les bénéfices à ma place ». Seulement voilà, de quel opéra s’agissait-il ? Et qui était l’auteur de cet arrangement ? Bastiaan Blomhert, le chef d’orchestre se lance alors dans une enquête qui va le tenir en haleine durant plusieurs décennies, pour finalement aboutir en 2005 avec en guise de conclusion, que la partition ici enregistrée est bien de la main de Mozart. Tout cela pourrait paraître vain aux yeux de certains, mais la grâce, la légèreté, le véritable bonheur que procure l’écoute de cette oeuvre valent bien toutes les enquêtes musicologiques du monde. Car Blomhert est ici à son affaire et cela s’entend. La magie des timbres, le galbe des sonorités sont une splendeur. La passion est alors partagée pour une œuvre certes mineure, mais défendue avec fougue et sincérité. Jean-Jacques Millo |