Opus Haute Définition e-magazine

Smetana / Sibelius

Quatuor à Cordes N°1 “From my life”. Quatuor à Cordes N°4 Op.56 « Voces intimae » Andante Festivo.

Quatuor Kocian

Praga Digitals PRD 250257, Harmonia Mundi Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

Le Quatuor à Cordes N°1 de Bedrich Smetana, sous titré “De ma vie” datant de l’année 1876 est une oeuvre à programme que le compositeur commentait ainsi : “Ce que j’ai voulu faire, c’est retracer en musique le déroulement de ma vie. Premier mouvement : goût pour l’art dans ma jeunesse, atmosphère romantique, nostalgie indicible… Parallèlement s’annonce dès ce prologue l’avertissement du malheur futur, cette note de mi, du finale : c’est ce funeste sifflement strident qui s’est déclenché dans mes oreilles en 1874, marquant le début de ma surdité. Le deuxième mouvement, quasi polka, me transporte à nouveau dans le tourbillon joyeux de la jeunesse alors que je composais une foule de danses tchèques et que j’avais moi-même une réputation de danseur infatigable… Le troisième mouvement, largo sostenuto, est une réminiscence de mon premier amour pour une jeune fille qui devint plus tard ma chère épouse. Le quatrième mouvement : prise de conscience de la force réelle d’une musique nationale, joie de constater que le chemin pris conduit au succès, jusqu’au moment de l’interruption brutale provoquée par la catastrophe ; début de la surdité, perspective d’un triste avenir, un très faible espoir d’amélioration, et, pour conclure, un sentiment profondément douloureux. Tel est, résumé, le contenu de cette composition qui a, en quelque sorte, un caractère privé et, pour cette raison, a été intentionnellement écrite pour un nombre limité d’instruments, - le quatuor à cordes ; ils doivent s’entretenir, comme on le ferait dans un cercle d’amis, de faits qui ont une véritable importance. Rien de plus ». Le Quatuor à cordes en ré mineur « Voce Intimae » Op.56 de Jean Sibelius dont la composition fut achevée en 1909 se décline en cinq mouvements et fait également référence à l’intimité profonde du compositeur, celle des « Voix intérieures ». Le Quatuor Kocian s’empare de ces œuvres avec tout le poids expressif qu’elles réclament et leur discours musical offre la parfaite mesure des sentiments dévoilés. Ainsi la musique « intime » du tchèque et du finlandais parait être une sorte de jeu de miroir sans tain où tout est dit sans jamais être vu, où tout se voit sans jamais être dit. Encore une fois, dans une prise de son exemplaire en DSD, nous tenons-là, dans ce couplage inédit, une heure de musique de chambre incontournable.

Jean-Jacques Millo

String Quartet N°1 “From My Life”. String Quartet N°4 Op. 56 “Voces intimae”.

Bedrich Smetana’s String Quartet N°1, subtitled “In My Life,” dating from the year 1876, is a program work the composer commented on as such: “What I wanted to do is to retrace in music the course of my life: First movement: taste for art in my youth, romantic atmosphere, unspeakable nostalgia… In parallel, this prologue augurs a warning of future unhappiness, this E note in the finale: it is this fateful, strident squeal that went off in my ears in 1874, marking the beginning of my deafness. The second movement, quasi-polka, takes me once again to the joyous tumult of my youth when I was composing innumerable Czech dances and I myself had a reputation as an untiring dancer… The third movement, largo sostenuto, is a recollection of my first love for a young girl who later became my dear wife. The fourth movement: awakening of the real force of a national music, joy in observing that the path followed lead to success, until the moment of the brutal interruption brought on by the catastrophe; beginning of deafness, perspective of a sad future, little hope of improvement, and, in the end, a feeling that was deeply painful. That, in short, is a summary of this composition written for a limited number of instruments – the string quartet; they must get along, as would a circle of friends, something that has real importance. Nothing less.” The String Quartet in D minor “Voce Intimae” Op.56 by Jean Sibelius, which was completed in 1909, has five movements and also stems from the composer’s most inner intimacy, that of “Interior voices.” The Kocian Quartet takes charge of these works with all the expressive weight they require, and their musical discourse provides just the right amount of feelings divulged. The “intimate” music of the Czech and the Finn is like two-way mirror where all is said without ever being seen, all is seen without ever being said. In exemplary DSD sound we have now come to expect, this disc of never-before-paired works is a must-have hour of chamber music.

Translation Lawrence Schulman

Visuel