Ermione est le serio de Rossini le plus complexe à distribuer. Sa difficulté réside dans ses impératifs dramatiques déclamatoires. Enregistré en 2008, cette étrange production sombre dans une esthétique pénible : pourquoi avoir cautionné ce plan incliné de Graziano Gregori qui dévore presque toute la scène ? Concept si à la mode et qui n’apporte rien, faisant surtout perdre de l’espace scénique et ajoutant des effets visuels inutiles et des difficultés pour les chanteurs lors de leurs déplacements. Pour cette époque se situant à Troie, les costumes genre uniformes mussoliniens jurent à la cohérence de l’intrigue. Tout cela devient franchement agaçant et il ne faut le céder en rien devant ces mises en scène pompeuses qui défigurent l’opéra. Le tout est donc un peu grossier et pompeux. La direction orchestrale de Roberto Abbado reste honnête et a le mérite de la vivacité pour soutenir pareil spectacle visuel et scénique. Reste les interprètes, en bonne forme même si leurs chants doivent s’accommoder de toute cette mise en scène grotesque. L’Attalo de Riccardo Botta et la Cefisa de Cristina Faus sont satisfaisants tandis que la Cleone d’Irina Samoylova est assez médiocre. Le Fenicio de Nicola Ulivieri est excellent ainsi que Ferdinand von Bothmer (Pilade). L’Oreste de Antonino Siragusa est de haut vol. Gregory Kunde confirme qu’il est un des derniers grands ténors rossiniens. Sonia Ganassi est appréciable en Ermione. A défaut d’être un spectacle haut de gamme, cette représentation s’en tire avec les honneurs (de préférence à écouter les yeux fermés).
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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