Né en 1957, rescapé de la révolution culturelle imposée par Mao, Tan Dun demeure un compositeur emblématique du métissage orient-occident. Influencé par le style de l'Opéra de Pékin, il assimile Bartok, Boulez, Stravinsky mais aussi les rythmes et résonances du chamanisme ancestral et rural de la Chine traditionnelle. Marco Polo est son premier opéra, reflet de ces multiples influences. L'ouvrage puise dans l'ampleur théâtrale de l'opéra occidental et d'emprunts asiatiques (mélodies, pipa ou luth chinois, sitar, trompes tibétaines, sujets de l'action). Créé à l'occasion de la Biennale de Munich en 1996, Marco Polo imagine l'épopée de l'occident vers l'orient, de Venise vers la Chine, en deux parties successives : Marco, puis Polo (deux faces d'un même individu, chantées par deux voix, respectivement soprano et ténor). L’action se déploie en trois registres différents et parallèles : physique, spirituel, moral. Cette représentation, enregistrée au Muziektheater, Amsterdam, les 13 et 18 novembre 2008, a la caution du compositeur qui dirige l’orchestre. Et c’est bien le problème parfois. Les décors semblent un brin clinquant et en font beaucoup dans la surenchère des couleurs. On s’agite beaucoup sur la scène avec ce que l’on peut attendre d’un registre à forte connotation asiatique : yeux grands ouverts et voix déclamatoires. Si l’on ne doute pas d’une certaine qualité dans l’ensemble, le tout est un peu fatiguant au bout de plus de deux heures. A vrai dire, l’on ne voit pas où veut en venir Tan Dun. A l’écoute, on peut aussi rester sceptique tant la musique n’est guère captivante et assez répétitive. Les voix sont inégales : Charles Workman dans le rôle de Polo n’a pas une voix qui transporte l’auditeur. Sarah Castle (interprétant Marco) est plus convaincante en revanche. Un spectacle mi-figue, mi-raisin en quelque sorte.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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