Le pianiste italien Paolo Giacometti né à Milan en 1970, que l’on connaît plus particulièrement pour l’enregistrement exhaustif de l’œuvre pour piano de Rossini, nous livre ici trois opus schumanniens, « Les Danses des Compagnons de David » Op.6, « Arabesque » Op.18 et « Les Chants de l’Aube » Op.133, ultime partition d’un compositeur au bord du gouffre. La musique de Robert Schumann n’est pas facile à appréhender, car comme le souligne si justement Michel Schneider dans son remarquable ouvrage « Musiques de Nuit » : « On ne possède Schumann que sous la forme de devoir encore et toujours le chercher. Par sa musique, comme nulle autre bruissante de paroles enfouies, incompréhensible parce qu’elle a peut-être trop de sens, Schumann récuse notre savoir, , comme il déçoit notre plaisir. Chez lui, la beauté n’est pas donnée, comme chez Schubert ou Chopin ; il faut l’aller chercher. Elle est parfois derrière la musique plus qu’en elle. Aussi est-ce l’un des compositeurs les plus difficiles à interpréter –musicalement s’entend – car on ne peut réellement l’approcher que de l’intérieur ». Paolo Giacometti parvient à incarner l’insaisissable au cœur d’un jeu d’une rare perfection. Son discours musical s’épanouit avec rigueur, une rigueur qui nuit parfois à l’émotion pure, mais qui en définitive trouve le chemin d’un équilibre idéal. Un très bon disque Schumann dans une prise de son exemplaire.

Jean-Jacques Millo

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