Réussir une interprétation du célèbre opéra Don Giovanni de Mozart n’est pas donné visiblement à tout le monde, opéra crépusculaire autant qu’emporté par le souffle libertin du XVIIIe siècle. Là, on se demande pourquoi de tels décors pompeux et stériles, et de telles tenues souvent voyantes qui ne restituent nullement une quelconque atmosphère. On a plus l’impression de chanteurs égarés dans une production contemporaine. A un moment, on se demande même où est l’esprit musical de Mozart ? Qu’apprend-t-on par une telle mise en scène ? On a donc la désagréable sensation que tout cela est passé à la trappe et que le metteur en scène et le décorateur (sans parler des costumes un peu tape-à-l’œil) s’amusent comme bon leur semble à moderniser Mozart à tout prix alors que ce dernier est déjà en avance sur eux par la profondeur de son propos et de sa musique. N’est pas Ponnelle ou Strehler qui veut pour apporter par un détail particulier une dimension extraordinaire à de tels chefs d’œuvres de l’art lyrique. La direction de Charles Mackerras reste homogène et fine mais ne possède pas la légèreté requise pour nous emporter totalement. Les voix restent aussi en deçà de ce que l’on pouvait en attendre. Il faut dire aussi que ces voix sont assez inintéressantes, techniquement au point sans doute mais un peu mornes, dans cette interprétation sans âme.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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