Chef-d’œuvre absolu du lied allemand, le Voyage d’Hiver de Schubert fit, sur ses contemporains, une impression mêlée de surprise et d’interrogation. En 1827, Josef von Spaun, un des proches du compositeur relatait cela en ces termes : « Nous fûmes tous saisis par la sombre tonalité de ces chants. Ces chants d’une tristesse si mélancolique, et que Vogl interprétait magistralement, nous transportèrent de ravissement. Il n’existe sans doute pas de lieder allemands plus beaux que ce chant du cygne ». Pour ce nouvel enregistrement le ténor australien Steve Davislim offre son timbre brillant et chaleureux pour une interprétation dont la théâtralité pointe parfois judicieusement avec la finesse qui s’impose. D’un bout à l’autre de l’œuvre son implication force l’admiration et il est indéniable que nous tenions là une référence moderne de l’œuvre si l’accompagnement au piano d’Anthony Romaniuk possédait la rigueur demandée. Hélas, tel n’est pas le cas et c’est un piano plus insipide que narratif que nous entendons, notamment dans les pianissimi où tout l’accompagnement musical semble se désagréger. Néanmoins, saluons une nouvelle fois la qualité éditoriale du label qui s’efforce de proposer de beaux objets discographiques que le mélomane ne saurait ignorer.

Jean-Jacques Millo

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