Opus Haute Définition e-magazine

G. Bizet

Carmen

Nino Surguladze, Irina Lungu, Philippe Do, Simone Alberghini. Fondazione Orchestra Regionale delle Marche. Carlo Montanaro (dir)

Dynamic 33614, Codaex Distribution

DVD stéréo Dolby / DTS 5.1

Sur des décors et une mise en scène de Dante Ferretti (décorateur de Pasolini, Fellini, Zeffirelli et Scorsese), voici une nouvelle version de Carmen, l’œuvre principale et mondialement connue de Georges Bizet. Succès mérité et œuvre d’importance tant elle met le doigt sur l’impossibilité du désir, bien plus propre à frustrer l’individu qu’à le combler ! Carmen est l’illustration parfaite de l’adage populaire « Suis-moi, je te fuis, fuis-moi je te suis ! » Rappelons-nous : « Si tu ne m’aimes pas, je t’aime ! Et si je t’aime prends garde à toi ! » On ne peut faire plus explicite que cette « logique » que l’anthropologue René Girard a fort bien résumé : « La coquette ne veut pas livrer sa précieuse personne aux désirs qu'elle provoque mais elle ne serait pas si précieuse si elle ne les provoquait pas. La préférence que s'accorde la coquette se fonde exclusivement sur la préférence que lui accordent les Autres. C'est pourquoi la coquette recherche avidement les preuves de cette préférence ; elle entretient et attise les désirs de son amant, non pas pour s'y abandonner mais pour mieux se refuser. » Hélas, cette version de Carmen enregistrée le 31 juillet 2008 au Sferisterio Opera Festival de Macerata ne brille pas par son « feu ». Si Nino Surguladze est une Carmen plastiquement irréprochable, sensuelle et pas vulgaire, il n’en est pas de même de sa voix, et de sa diction plus particulièrement. Son français est très aléatoire et approximatif. Les autres interprètent s’en sortent un peu mieux et notamment Philippe Do en Don José qui ne rencontre pas ce problème de diction. Tout aurait été satisfaisant car au niveau décors et costumes, rien ne vient heurter notre sensibilité. Trop correct ? Trop artificiel ? Il n’empêche que l’on reste sur sa faim alors que l’on devrait être emporté par le souffle. Reste que cette Carmen ne manque sans doute de pas grand-chose pour nous satisfaire un tant soit peu.

Yannick Rolandeau

Disponible surCodaex
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