On se demande si la ressortie de cet opéra en Blu-Ray valait la peine car la très belle image haute définition ne fait qu’accentuer les défauts. Admeto est un opéra en trois actes, sur un livret italien d'Aurelio Aureli de 1660, L'Antigone delusa da Alceste, revu par Ortensio Mauro en 1681, d'après la pièce d'Euripide, Alceste. L’étonnant ici tient à ce paradoxe que les baroqueux si chatouilleux de leur interprétation naturaliste d’habitude donnent concert à une mise en scène souvent, fort souvent, ultra-modernisée comme ici. C’est-à-dire une mise en scène, dans leur ligne à eux évidemment, totalement irrespectueuse de l’œuvre et de comment elle a pu être donnée à l’époque. Ce n’est pas l’un des moindres paradoxes que ce genre de conception de la musique et de la scène. Là, on est dès le début dans une salle de chirurgie pour un drame, celui du roi, Admeto, roi de Thessalie. Et tout est comme cela, insupportable. Les costumes font penser à ceux que portent les jeunes cadres d’aujourd’hui. Les personnages ont même les lunettes désign et branchées des bobos que l’on croise parfois dans la rue. C’est dire si l’on ne s’intéresse nullement à ce qui se passe sur scène tant chaque détail vous arrête. Les décors sont (des panneaux carrés) d’une froideur bleutée à vous donner des frissons dans le dos. On se croirait dans une installation vidéo du Centre Georges Pompidou… Et le tout dure trois heures… Et l’interprétation de Romelia Lichtenstein en Alceste, Raimund Nolte en Hercule, Matthias Rexroth en Admeto, et Mechtild Bach en Antigone est assez conforme à ce que l’on entend dans les opéras baroques en général. C’est assez froid et assez aigre pour tout dire.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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