D’après un argument de la légende germanique de Tannhäuser, les thèmes de ce célèbre opéra de Wagner, créé en 1845 à Dresde sous la direction de Wagner, avec sa nièce Johanna Wagner dans le rôle d’Elisabeth, sont l’opposition entre l’amour sacré et l’amour profane, ainsi que la rédemption par l’amour. Près du château se dresse le Vénusberg, résidence de la déesse du printemps laquelle attire les chevaliers de Wartburg pour les retenir prisonniers de ses charmes. Tannhäuser en est la victime consentante. Il finit par se lasser et parvient à échapper à l'emprise de la déesse. Il songe à aller à Rome mais le Landgrave le convainc de retourner à la Wartburg où Elisabeth (que Tannhäuser a aimée autrefois) se languit. Le Landgrave organise un concours de chant et offre la main de sa nièce (Elisabeth) au vainqueur. En cours d'épreuve, Tannhäuser, possédé par la déesse de l'amour qu'il encense, provoque la fureur des chevaliers. Elisabeth prend sa défense mais le Landgrave le condamne à aller demander le pardon à Rome. Les pèlerins reviennent de Rome. Elisabeth et l' "ami" Wolfram attendent le retour de Tannhäuser. Il n'est pas parmi les arrivants. La nuit tombe. L'étoile du berger apparaît. Wolfram chante alors son amour pour Elisabeth. Tannhäuser arrive enfin et apprend à Wolfram que le pape ne consentira à lui pardonner que le jour où son bâton de pèlerin fleurira. Elisabeth meurt et Tannhäuser expire au pied du cercueil. Des pèlerins arrivent, portant le bâton fleuri de Tannhäuser. Cet enregistrement public de 2008 du festival de Baden-Baden déploie une espèce d’ascétisme et de froideur qui laisse, c’est le moins que l’on puisse dire, de glace. On a bien du mal à adhérer durant les trois heures vingt que dure cet opéra romantique en trois actes. Tout est dessiné d’une façon conceptuelle notamment le décor unique, cet escalier en spirale qu’un ballet de couleurs anime tout du long. Les interprètes (Waltraud Meier, Robert Gambill, Roman Trekel et Camilla Nylund.) s’en sortent nettement mieux mais semblent aussi se calquer sur une mise en scène froide et clinique. Dans toute cette affaire, Philippe Jordan, le chef d'orchestre, est plus en retrait. La mise en scène de Nikolaus Lehnhoff renforce ce côté conceptuel, notamment, par les costumes : larves humaines pour la bacchanale, insectes pour la Wartburg, et pèlerins dans leurs chasubles. Un documentaire de Reiner E.Moritz accompagne l’opéra avec des entretiens de Nikolaus Lehnhoff, de Philippe Jordan et de la plupart des interprètes.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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