Fruit d’une commande officielle, le chef-d’œuvre sacré de Britten, le War Requiem, fut la rencontre des textes d’un poète mort en 1918 à la fin de la première guerre mondiale, Wilfred Owen, et d’un compositeur à la sensibilité exacerbée doué d’une grande finesse d’écriture, Benjamin Britten. Cependant, l’œuvre du compositeur anglais est bien plus que cela. Michel Fleury le dit justement : « Dans le Requiem, les poèmes d’Owen s’amalgament au texte de la Messe des morts comme autant de commentaires, à la façon des arias et chorals des passions de Bach. La résonance voisine des deux arguments littéraires n’a rien d’étonnant. Owen était fondamentalement chrétien, et les idées de pitié, d’espoir et de réconciliation sont les motifs récurrents de son œuvre ». Accompagné par d’excellents solistes et un chœur idoine, Helmuth Rilling offre ici une vision « robuste » de la partition. Sans grande finesse, son discours musical s’écoule comme lave en fusion, ne laissant aucune place, ou très peu à l’imaginaire de l’introspection. Un bon enregistrement tout de même vers lequel on se tournera par goût de la découverte.

Jean-Jacques Millo

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