Adapté du célèbre conte de Collodi, le pari pour réussir cette transposition en opéra était osé. Si tout n’est pas réussi, cette adaptation ne sombre pas dans la niaiserie et peut être aussi bien vu par des adultes que par des enfants. Jonathan Dove et le metteur en scène Martin Duncan ont tenté de respecter le concret et la rudesse originelle du texte de Carlo Collodi. C’est que le message de Pinocchio n’est pas de rêver le monde mais de devenir un réel être humain, non plus une marionnette mais un être de chair et de sang. On comprend au passage pourquoi Kubrick aimait particulièrement ce conte concernant toute sa thématique du passage du mécanique au vivant (il inséra le conte Casse-noisette dans Eyes wide shut). Le problème, hélas, provient ici de l’interprète de Pinoccchio, une femme, Victoria Simmonds, trop adulte pour qu’on puisse croire à la véracité de ce qui nous est montrée. Elle est aussi grande que tous les autres personnages outre que sa gestuelle est trop humaine dès le départ. Et pourquoi avoir choisi une femme ? On a donc du mal à adhérer à ce que l’on voit sur l’écran, l’imagination ne pouvant gommer ou rattraper à chaque fois une telle distorsion. Le reste est d’un bon niveau, tant musical que dans l’interprétation, même si l’on aurait aimé que cette transposition atteigne de plus grandes hauteurs musicales. Le plus réussi, une fois n’est pas coutume, sont les décors qui parviennent à créer un mélange de féerie et de fantastique. Une bonne représentation qui ne mérite pas trop d’éloges non plus.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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