Les Tableaux d’une Exposition de Modeste Moussorgski sont, à l’origine, des pièces pour piano que le compositeur russe composa après la mort de son ami le peintre Viktor Hartmann. « Les sons et les idées sont suspendus dans l’air, j’en absorbe jusqu’à m’en gaver, et j’ai à peine le temps de les coucher sur papier », écrivait-il alors. Maurice Ravel en fit l’orchestration la plus célèbre qui est celle la plus jouée aujourd’hui encore. Nuit sur le Mont Chauve, présentée ici dans l’orchestration de Rimsky Korsakov, prend son inspiration dans une pièce de théâtre de Mengden « La Sorcière » que Moussorgski vit fort impressionné. Le résultat fut une partition originale, orchestrée par lui-même et dont il disait : « J’ai orchestré le Sabbat en éparpillant les parties instrumentales, ce qui devrait faciliter la perception de l’auditeur, car les contrastes entre les vents et les cordes sont bien marqués. Je crois que ça correspond bien au caractère du Sabbat, qui est tout en cris et en appels dispersés, jusqu’au moment où toute la racaille diabolique se mélange dans une confusion totale… ». Hélas, la version qu’en fit Rimsky Korsakov est plus édulcorée que l’originale, avec notamment un épilogue pour achever la partition. A la tête de l’orchestre national russe, le jeune chef Carlo Ponti, fils de Sophia Loren, montre de belles aptitudes de direction, même si parfois le discours musical qu’il offre mériterait plus de précision et de clarté dans les plans sonores et l’équilibre des pupitres. A découvrir, pour les premiers pas d’un chef à suivre.

Jean-Jacques Millo

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