On ne peut pas faire pire. Cette représentation du Théâtre du Châtelet, en mai 2004, est ce qu’on peut faire de plus affligeant. Imaginez donc cette comédie lyrique et baroque de Rameau avec des chanteurs habituels mais aussi avec des vidéos passant sur un écran. La mise en scène du vidéochorégraphe José Montalvo et Dominique Hervieu (chorégraphie) font intervenir sur l’écran et sur la scène proprement dite des danseurs de hip-hop, de break-dance, d’acrobates et de danseurs classiques ! Le livret des Paladins de Rameau est dû à Duplat de Monticourt d’après une fable de la Fontaine et du chant 43 de l’Orlando Furioso de l’Arioste. Alors il serait politiquement correct d’aimer, surtout de voir des noirs et des arabes dansant sur du Rameau. Jack Lang devrait jubiler (pas de doute que les auteurs de ce spectacle seront renforcés par les mauvaises critiques et prétexteront de n’être pas compris face à l’étroitesse d’esprit de ces mêmes critiques). Évidemment, tout cela est hautement démagogique où rien n’a à voir avec rien, et surtout pas le hip-hop, le break-dance avec la musique de Rameau. On a même droit à une danseuse boulotte… On est en plein postmodernisme avec son idéologie mélangiste. Les décors et les costumes sont tout aussi criards (jaune, rouge, bleu etc.) au point que devant tant de « harcèlements visuels », on en oublie quasiment la musique. On devient incapable de se concentrer sur telle ou telle scène tant nos yeux sont hystériquement sollicités. Le clou est un danseur qui danse nu avec un cœur devant son sexe et il en viendra à faire exprès de ne pas bien l’ajuster à un moment donné ! Et vous verrez tout ! C’est dire qu’on est prêt à faire n’importe quoi pour appâter le spectateur et à faire passer cela pour de l’ouverture d’esprit et de la modernité. Rapidement donc, devant une telle laideur, on a envie de fermer les yeux et d’écouter seulement la musique… Mais qu’est-ce que William Christie est venu faire dans cette galère d’autant que dans le bonus, il vient justifier intellectuellement un tel naufrage ? Yannick Rolandeau |