Genoveva est l’unique opéra de Robert Schumann. L'oeuvre est presque oubliée. Schumann rêvait de poser les bases de l’opéra allemand. Il trouvera plus fort que lui : Le vaisseau fantôme et Tannhäuser de Richard Wagner. Sur le thème d'une épouse vertueuse humiliée, inspirée de la légende médiévale de Genneviève de Brabant, Schumann édifie dans la suite du Fidelio de Beethoven et aussi de l'Euryanthe de Weber, une apothéose de la fidélité conjugale, du courage et de la dignité de l'épouse vertueuse. Le contexte chevaleresque est proche du Lohengrin contemporain de Wagner ; il y est même question de fantastique et de forêts magiques à la façon d’Euryanthe de Weber. Outre le sujet médiéval et le rapport de l’homme à la femme, les deux ouvrages appartiennent à la même époque mais divergent quant à leur conception esthétique. Si Elsa, héroïne romantique par excellence est dominée par ses angoisses et le doute, Genoveva ne perd jamais la foi : elle montre même dans les instants les plus tragiques et désespérés, une dignité surprenante. Hélas, Genoveva n’a pas de chance d’être tombée sur le metteur en scène Martin Kušej qui en rajoute des tonnes dans le conceptuel (décor entièrement blanc ou presque) et le statisme des interprètes. Dans l’opéra de Chostakovitch, il faisait sanguinolent et agité, là il verse dans l’immobilisme ou tente de l’atteindre. Le résultat est une « aventure » à la rencontre du plomb, autrement dit l’ennui. Ce n’est pas dans les meilleures conditions que l’on peut découvrir cet unique opéra de Schumann. Reste des interprètes qui font ce qu’ils peuvent et une direction d’orchestre plus qu’honorable même si Nikolaus Harnoncourt ne peut s’empêcher de faire dans une certaine sécheresse.

Yannick Rolandeau

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