Opus Haute Définition e-magazine

G. F. Haendel

Orlando

Marijana Mijanovic, Martina Jankova, Katharina Peetz, Christina Clark, Konstantin Wolff. Orchestra « La Scintilla » of the Zurich Opera. William Christie (dir)

Arthaus Musik 101309, Intégral Distribution

2 DVD stéréo / DTS

Opéra en trois actes, terminé le 20 novembre 1732, créé à Londres au Haymarket, le 27 janvier 1733, lors de la quatrième saison de la Nouvelle Académie, le livret est une adaptation anonyme de celui de Carlo Sigismondo Capece, Orlando ovvero la Gelosia Pazzia, écrit pour Domenico Scarlatti, à partir des livres XIX à XXXVIII de l'Orlando furioso de L'Arioste (1516). Orlando est l'un des opéras les plus originaux de Händel. Le livret sera bientôt suivi par deux autres volets tout aussi réussis : Ariodante et Alcina. Orlando relate donc l'histoire classique du preux paladin Roland passionnément épris de la reine Angélique. Pourtant, celle-ci lui préfère le prince Médor et la jalousie obsessive du héros le conduit à une violente folie avant qu'il ne recouvre la raison grâce à l'intervention du mage Zoroastre. Lully ou Vivaldi entre autres ont illustrés auparavant ce drame. Mis en scène par Jens-Daniel Herzog, cet opéra prête par contre à sourire à plus d’une reprise. Une fois de plus, sans que cela ne dérange les directeurs artistiques, l’on mélange orchestre baroque et mise en scène radicalement « moderniste », au goût du jour, créant un constant décalage entre ce que l’on entend et ce que l’on voit. Sous prétexte de « dépoussiérage », l’on situe les opéras de l’époque baroque dans des décors les plus saugrenus qui soient, pizzeria, banlieue sordide, salle d’opération dans une clinique. On trouve cela aussi au théâtre. C’est dire que c’est le nouvel académisme qui, habillé des oripeaux de la nouveauté, de l’originalité, tente de passer inaperçu. Là, il faut bien dire que cet Orlando l’on tombe à pic. Cette mise en scène où l’on peut voir Marijana Mijanovic, en blouse blanche, accroupie sur un bureau d'école, le visage barbouillé en dit long. Herzog a déplacé l'action au début du XXème siècle au sein d'un sanatorium genre Vienne du Dr Freud. Orlando, officier traumatisé par les combats, en uniforme anglais de la Première guerre mondiale fait face à une cohorte d’infirmières, à un psychiatre chauve et autoritaire (le mage Zoroastre), et à une infirmière en chef (la bergère Dalinda). Angelica et Medoro deviennent une sorte de couple de passage avec une blonde légère et une sorte de gigolo gominé. On a le droit aussi à la projection d'un film de propagande pendant le "Lascia Amore e siegui marte". La scène de folie de l'acte III copie The Shining de Kubrick quand Orlando fait irruption une hache de pompier à la main. Bref, c’est un peu n’importe quoi du moment que cela attire l’œil. Le plateau vocal est dominé par Marijana Mijanovic dont le chant est d'une grande tenue. En revanche, la Medoro de Katharina Peetz n’est pas du tout convaincante. La direction de William Christie est aussi énergique et fluide contrairement à sa version au disque plutôt laborieuse. On espère un jour un Orlando plus classique…

Yannick Rolandeau

Disponible surIntegralmusic.fr
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