Nietzsche et la musique, voilà un vaste programme. Car, comme le souligne Claude Zittel dans le livret, « aucun autre philosophe n’a de façon plus inconditionnelle exigé et réalisé lui-même le dévouement impératif à la musique. Depuis sa jeunesse jusqu’à son œuvre tardive, Nietzsche a assigné à la musique un rôle à part dans sa philosophie. Il la considère comme supérieure à tous les autres arts parce qu’elle est l’expression directe de la vie ou – comme l’a reconnu sous l’influence de Schopenhauer pendant la période de « La naissance de la Tragédie enfantée par l’esprit de la musique » – qu’elle est l’expression du déchirement même de l’origine métaphysique du monde ». L’enregistrement du pianiste Michael Krücker, malgré son côté exhaustif, laisse sur sa faim et ne peut rivaliser avec le CD d’Alain Kremski paru jadis chez Oxus Music. Michael Krücker use et abuse d’une sorte de rubato déplacé pour donner aux œuvres une dimension qu’elles n’ont pas. La musique pour piano de Nietzsche ne recherche aucunement les détours sinueux d’une pensée philosophique, elle n’est que « simplicité » et rien d’autre. C’est ce que rendait admirablement Klemski dans son enregistrement. Dommage donc, car ces pièces pour piano possèdent un charme indéniable vers lequel on revient souvent.

Jean-Jacques Millo

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