Cette comédie en trois actes de Richard Strauss, sur un livret de Hugo von Hofmannsthal fut créée à Dresde en janvier 1911. « Œuvre la plus populaire du compositeur, Le Chevalier à la Rose est celle par laquelle Hofmannsthal espérait éloigner Strauss d’une certaine tradition wagnérienne et réaliser un idéal nietzschéen : trouver une légèreté de ton qui n’exclut pas le sérieux. Non sans agressivité, le librettiste présente « notre Figaro » (8 juillet 1908) comme un manifeste contre Bayreuth : « Je ne voudrais pas, autant que possible, contraindre ces deux jeunes créatures naïves, bien éloignées des Walkyries et des Tristan, à des beuglements érotiques à la Wagner », écrit-il le 2 septembre 1909 à propos d’Octavian et Sophie ». C’est ainsi que Bernard Banoun évoque l’approche du librettiste dans son remarquable ouvrage intitulé « L’Opéra selon Richard Strauss » paru chez Fayard. Carlos Kleiber, de son côté, nous offre une version en demi-teinte de l’œuvre de Strauss. Avec une maréchale en déroute, sa direction orchestrale laisse parfois des vides expressifs surprenants. C’est le cas des premières mesures où tout s’emballe très vite, trop vite sans que la musique n’y trouve un souffle, certes passionné et fougueux, comme souvent chez Kleiber, mais un souffle tout de même, celui que possède notamment le DVD paru chez Deutsche Grammophon. Cependant, l’énergie que dégage l’ensemble demeure communicative et malgré la frustration indéniable que procure l’écoute de ces SACD, l’art de Carlos Kleiber est toujours aussi impressionnant.

Jean-Jacques Millo