Opus Haute Définition e-magazine

Claude Debussy/Benjamin Britten/Pierre Mercure

La Mer. Quatre Interludes Marins. Kaléidoscope. Prélude à L’après-midi d’un Faune

Orchestre Métropolitain du Grand Montréal. Yannick Nézet-Séguin (direction)

Atma 2.2549, Intégral Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

Programme réjouissant que celui que nous propose ici le label canadien Atma. Debussy, Britten et Pierre Mercure (1927-1966), méconnu dans l’hexagone. La création à Paris de La Mer de Claude Debussy, sous la direction de Camille Chevillard, date de l’année 1905. A cette époque, il est important de noter, comme le souligne avec pertinence Benoit Duteurtre, que « La Mer marque l’apogée de cet art représentatif qui permet à Debussy de s’affranchir du discours romantique pour développer une poésie spécifiquement sonore. Le prétexte est d’une beauté presque abstraite : l’œuvre entière est consacrée au seul mouvement de l’eau, sans vaisseau, ni naufrage. La musique de Debussy, comme les Nymphéas de Monet qu’il admire, transpose les formes vivantes dans une libre syntaxe orchestrale en renouvellement constant. Le sujet finit par s’effacer devant le jeu des motifs, des accords, le fondu enchaîné des mélodies et des rythmes ». Voilà bien ce que ne possède pas, hélas, la vision de Yannick Nézet-Séguin et son orchestre de Montréal. Nous chercherons en vain la poésie évoquée plus haut et l’équilibre des motifs, mélodies et rythmes. Le jeune chef peine à trouver ses marques et n’offre en définitive qu’un jeu de couleurs incohérent. Les Interludes Marins de Britten sont du même acabit et méritaient une attention toute particulière pour que surgisse « le gouffre du doute et des profondeurs » de Peter Grimes. Et même si Pierre Mercure et son « Kaléidoscope » représentent une respiration nécessaire dans un programme pourtant prometteur, malgré une prise de son exemplaire, ce SACD ne possède que le goût de l’inachevé.

Jean-Jacques Millo

Disponible surIntegralmusic.fr
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