Opus Haute Définition e-magazine

R .Strauss

Salome

Nadja Michael, Thomas Moser, Michael Volle. The Orchestra of the Royal Opera House. Philippe Jordan (dir)

Opus Arte OA 0996 D, Codaex Distribution

2 DVD stéréo / DTS

Enregistrée en mars 2008, cette représentation peut être « saluée » comme un beau naufrage. Un novice peut être impressionné, mais pour ceux qui regardent moult DVD par an, le décalage moderniste devient vite un académisme. Ici, le metteur en scène David McVicar dont on tente de faire la nouvelle coqueluche, devrait à l’avenir faire frémir s’il met en scène un nouvel opéra, vu qu’il les enchaîne. Le livret du DVD illustré de photos en dit déjà long sur l’esthétique de la laideur qui l’habite. Comment de tels chefs d’œuvre de l’art lyrique peuvent-ils se retrouver aux mains de tels metteurs en scène qui ne pensent qu’à les « massacrer » par une théâtralité bestiale, pathos, alternant le mauvais goût et le grotesque ? Nous sommes là dans une espèce de décor trash et chic, genre sous sol d’hôpital au fin fond de la Russie, sale et poussiéreux avec des hommes en uniformes et fusils. Dans le DVD de suppléments, on apprend que David Mc Vicar prend pour base de son esthétique le film « Salo » de Pasolini et qu’il politise à outrance l’opéra de Richard Strauss, prétendant parler de fascisme et de merde. Sauf que Pasolini était à mille lieux de ce genre de lieux communs et que le post-modernisme de David McVicar représentait pour lui le vrai nouveau danger. On se doute que la célèbre scène où Salomé parle à la tête (dégoulinante de sang comme il se doit) de son amant (apportée, excusez du peu, par un homme rougeâtre entièrement nu) sera le point d’orgue de cette esthétique de la laideur. Salomé, incarnée avec une certaine vitalité et une certaine vaillance par Nadja Michael, est vite couverte de sang dans ce décor humide et laid. On a envie de vomir devant un tel naturalisme outrancier. Pauvre Nadja Michael dégoulinante de sang, qui lors des applaudissements du public, a le mérite, ce sera le seul, de tenir l’opéra par sa belle voix... Visuellement, cette représentation est d’une laideur absolue et l’on est loin de la version sublime de Karl Bohm avec Teresa Stratas. La comparaison est cruelle, très cruelle.

Yannick Rolandeau

Disponible surCodaex
Visuel