Rarement enregistrée, l’œuvre chorale de Camille Saint-Saëns comporte pourtant une bonne centaine d’œuvres où « il convient de distinguer les œuvres de circonstances, d’intérêt secondaire (cantiques et motets de jeunesse, certains chœurs composés après 1900) et les grandes pages qui font de Saint-Saëns, vers 1870, le premier héritier français de Berlioz et de Liszt dans ce domaine, nous dit Jean-Alexandre Ménétrier. Au fil des ans, la musique profane prend le pas sur l’œuvre religieuse : après le Requiem (1878), Saint-Saëns ne compose plus que quelques motets ou des morceaux de circonstance. L’évolution de son sentiment religieux fut rapide ; on connaît son mot fameux : « Au fur et à mesure que la science avance, Dieu recule » ». L’Oratorio de Noël Op.12 pour cinq solistes (soprano, mezzo-soprano, contralto, ténor et baryton), chœur mixte, cordes, harpe et orgue, fut publié en 1863. J. A. Ménétrier évoque par ailleurs à son sujet « la volonté de retrouver la naïveté enfantine des enluminures de noël du 18ème siècle, à l’exemple du « faux » pratiqué quatre ans plus tôt par Berlioz dans L’Enfance du Christ ». Holger Speck, son ensemble vocal et ses solistes redorent le blason d’une partition au charme indéniable que l’on écoute sans déplaisir en savourant, une nouvelle fois, sinon le génie, du moins le savoir faire talentueux du grand compositeur français.
Jean-Jacques Millo |