Créé en mai 1913 à paris sous la direction de Pierre Monteux, Le Sacre du Printemps, tableaux de la Russie païenne en deux parties, d’Igor Strawinsky, fit le scandale que l’on sait. « Ce Sacre du Printemps, nous dit René Girard de l’Académie Française, lorsque je l’ai découvert, m’a paru absolument saisissant sur le plan de ce que j’appelle la « révélation du meurtre fondateur » dans la culture moderne. C'est-à-dire le véritable avènement du christianisme. La découverte du meurtre fondateur sous une forme telle qu’il rend sa reproduction impensable, impossible, trop révélatrice ! Si on regarde Le Sacre du printemps de près, on s’aperçoit que c’est un sacrifice, le sacrifice de n’importe qui, d’une jeune femme qui est là, par une espèce de tribu païenne de la Russie archaïque, sacrifice qui se termine par la mort de cette femme ». Apollon Musagète, ballet en deux tableaux fut créé à Washington en avril 1928. Fruit d’une commande de la mécène Elisabeth Sprague Coolidge, le sujet de l’œuvre fut laissé à l’initiative du compositeur qui s’inspira alors de la mythologie antique. A la tête de l’orchestre philharmonique de la radio néerlandaise, Jaap van Zwenden ne bouleverse pas la riche discographie CD et SACD du Sacre. Sa direction semble jouer pleinement la carte du contraste mais ne peut trouver le chemin de la poésie des timbres instrumentaux, pourtant présente, celle que Karajan notamment savait rendre avec une intensité exemplaire dans son dernier enregistrement. Un bon SACD tout de même, dans une prise de son en pur DSD impressionnante.

Jean-Jacques Millo

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