Lors de la création de l’ultime symphonie du compositeur russe, en octobre 1893, le public de Saint-Pétersbourg fut dérouté voire sceptique quant à ce qu’il venait d’entendre. Tchaïkovski au pupitre dirigea sa sixième symphonie avec passion et malgré le caractère intime de l’œuvre, l’audience ne suivit guère. Cependant, comme le précise Christopher H. Gibbs, « à ce moment de sa carrière, Tchaïkovski était célèbre dans le monde entier. Lors de l’inauguration du Carnegie Hall en 1891, il vint à New-York pour diriger et faire don de sa notoriété. Durant l’été 1893, alors qu’il travaillait à la Sixième symphonie, Tchaïkovski fut fait docteur honoris causa de l’université de Cambridge. Il n’y a guère de raison de croire que le compositeur alors âgé de 53 ans, pensait sa fin proche ; il semblait en bonne santé. Malgré des critiques généralement positives, ce dernier fut déçu par l’accueil réservé que lui manifestèrent tant l’orchestre que le public. Il écrivit à Jurgenson : « Il s’est passé quelque chose d’étrange avec cette symphonie. Ce n’est pas que les gens ne l’aiment pas, mais elle les déroute un peu. En ce qui me concerne personnellement, j’en suis plus fier que d’aucune autre de mes œuvres » ». Poursuivant son intégrale des symphonies du maître russe, Christoph Eschenbach offre ici un bel équilibre entre couleur et rythmes. Malgré une certaine lourdeur d’ensemble son propos parvient à émouvoir, grâce notamment au son de l’orchestre de Philadelphie toujours aussi fascinant.
Jean-Jacques Millo Disponible sur | |
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