C'est une commande et la première eut lieu le 26 décembre 1770 au Teatro Regio Ducal de Milan, futur Teatro alla Scala. Mozart a 14 ans quand il compose cet opéra Séria d'après un livret de Vittorio Amedeo Cigna-Santi, qui lui-même s'inspira de la pièce de théâtre de Jean Racine. L'histoire est celle de Mithridate VI Eupator (vers 132-63 avant Jésus-Christ), roi du Pont, un royaume hellénique sur les rives de la mer noire, qui est en guerre contre les romains et a laissé seul sa jeune fiancée, la princesse grecque Aspasie au soin de ses deux fils, Xipharès et Pharnace. Les deux fils ne vont pas se faire prier de tomber amoureux d'Aspasie, c'est-à-dire d'une femme interdite et avec de surcroît une rivalité entre père et frère. Etrange mise en scène qui joue trop sur le maniérisme. Tout du long, les protagonistes chantent habillés avec une sophistication incroyable, presque ridicules tellement les costumes sont trop soignés. Surtout que dans le même temps, les décors sont, à l’inverse, conceptuels et minimalistes, ce qui donne un opéra plus visuel qu’autre chose. C’est-à-dire que le spectateur est perturbé par ces deux aspects. Maniéré est bien le mot qui convient pour qualifier cette production, et le tout est agaçant et indigeste de préciosité. Heureusement, les voix s’en sortent mieux malgré une mise en scène sèche et statique. On notera aussi un étrange sérieux des visages comme s’ils paraissent avoir un masque ! Un opéra Séria… sérieux donc.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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